lundi 25 août 2014

Feeling et road-book pré - CCC


C. C. C.
Courmayeur, Champex, Chamonix ... 100 kilomètres, 6'000 mètres de dénivelé. Depuis quelques jours ça m'obsède, occupe toutes mes pensées, accapare toute mon énergie, comble chacun de mes silences et remplit tout mes vides.

Je suis sur tous les forums, lis le moindre compte-rendu, épluche n'importe quelle statistique, fouine la moindre info succeptible de m'être utile dans cette folie, parce qu'à chaque fois que je mesure l'ampleur de la tâche qui m'attend, je me dis que moins il y aura d'imprévus, mieux ce sera.

À chacun son Everest

Et oui, parce qu'à force de me documenter sur cette épreuve, on en banalise la chose. Finalement, pas loin de 2'000 coureurs participent à cette course tout les ans (bon avec grosso modo 30% d'abandon quand même), c'est que ça ne doit pas être si difficile que ça ? Et puis forcément on regarde ce qui ce fait un peu à côté, genre UTMB, GRP, UT4M ... et là on se dit qu'il y a encore une sacrée marche à franchir et que le club des ultras ne semble pas si accessible qu'on veut bien nous le faire croire.


Donc bon, chaque chose en son temps, on se concentre sur ce qu'il y a à faire, on verra bien par la suite.


Le dilemme

Cette préparation CCC fut sûrement une des plus compliquées que j'ai pu mener. Jamais je n'aurais autant dû m'adapter, créer, innover et bidouiller pour trouver une chance de participer à cette course.
Oui, parce qu'après mon Marathon du Mont-Blanc, flanqué d'une bonne tendinite au genou gauche (TFL), j'avais les jambes out et un moral dans les chaussettes.

Le dilemme revenait à un choix plus que cornélien:
Soit je me mettais au repos complet (entre un et deux mois quand tout se passe bien dans le meilleur des mondes) afin de laisser le temps à ma tendinite de passer, ce qui, théoriquement, me laissait une opportunité de me pointer au départ, mais sans la moindre préparation ... mission suicide donc.
Soit ... bah en fait je n'avais pas d'autres choix que de manger des chips et des cacahuètes devant la télé, parce que je ne sais pas vous, mais moi, le simple fait de marcher avec ma tendinite était fort pénible, pour ne pas dire impossible. Donc je ne voyais pas trop ce que je pouvais faire ... à ce moment là, la détresse Brésilienne me paraissait bien plus douce que la mienne.

Moi à l'arrivée du marathon du Mont-Blanc


Sauf que


(punaise le suspens de fou...)

Sauf que, même si j'estimais début juillet ma probabilité de courir à Chamonix à environ 5%, je me suis dit que je pouvais peut-être m'en sortir si je pouvais faire du vélo.
je m'y recolle donc : première sortie, le genou chauffe un peu, mais tient le coup ... rhaaa, c'est bon ! Le moral regrimpe plus vite que des actions Apple et les mots espoir et persévérance seront désormais le fil rouge de mes deux mois d'été.

Trop content de retrouver mon vélo

Allez, plan B illico presto. 
Alors que je vous explique : le plan A, c'est le plan bien structuré avec travail de vma, seuil, vo2max et touti quanti. La totale quoi. Quand tu termines ce genre de plan, soit tu es rincé de chez rincé, soit tu claques une perf de malade.
Et puis il y a le plan B, assez souvent utilisé aussi par de nombreux athlètes, qu'on pourrait nommer le plan : j'me démerde tout seul, j'le fait au feeling, ça va bien se passer (alléluia ...).

Donc une fois n'est pas coutume, j'improvise !  
Je prends les choses comme elles viennent et avec les capacités du moment. Pas de douleur au genou ? J'allonge un peu ma sortie, fais monter le cardio. Genou douloureux ? Stretching, gainage et musculation à la maison. 
Petit bilan vite fait du mois de juillet ?
Du vélo, du vélo et du vélo (800km quand même), quelques bonnes sorties de vtt bien velues surtout sous la pluie, des étirements, du gainage à gogo, un peu de musculation, de la glace (sur le genou, pas dans la bouche hein !) et des massages du tendon douloureux avec une crème au silicium.
Osthéo, kiné, anti-inflammatoires et autres gourous n'auront eu aucune de mes faveurs ... nada !

Vers la fin du mois de juillet, je fais ma dernière grosse sorties vélo (170 km) et j'enchaîne désormais les sorties combo vtt/randonnée. Le genou grimace un peu mais je sens qu'il tient le coup et qu'il en redemande. J'espace de plus en plus mes sorties vélo pour attaquer début août les sorties rando/course. 
30 minutes au début, puis 1 heure, 2 heures ... jusqu'à des sorties trail de 4 heures mi-août.
Je termine cette prépa tronquée sur deux mois avec environ 1'000 km à vélo, 200 km en rando/course et trail agrémentés de 15'000 m de D+

Finalement j'aurai effectué que très peu de course sur route car j'ai peur que mon genou n'apprécie que moyennement l'exercice.
Je suis déjà tellement content de pouvoir m'aligner au départ que tant pis pour ma vma, et tant pis aussi pour plusieurs autres domaines que je n'aurais pas pu exploiter ou développer. Aujourd'hui je me sens assez bien, relativement fort et serein pour attaquer mon défi. 
Je sais ce qui va me manquer, je connais mes défauts et mes limites et il faudra gérer la course avec les armes que j'ai à ma disposition, le reste, c'est dans la tronche.


Bon mais alors, cette course ? Tu nous fait un peu le topo ?

C.C.C

Oui, parce qu'à coté de mes entraînements, il a fallu tester le matos, valider ma stratégie de ravitaillement et étudier le parcours. Je vous fais grâce des deux premiers points pour vous détailler un peu le délire.

Donc voilà : 100 kilomètres, 6'000 mètres de dénivelé (pour ceux qui ont du mal à imaginer ce que ça peut représenter, on a tendance à dire que ça correspondrait à un effort de 60 km couru sur du plat, donc un total de 160 km effort au total).
5 cols à grimper à plus de 2'000 m d'altitude, dont les deux premiers à plus de 2'500 m.

Départ à Courmayeur le vendredi 29 août 2014 à 9h10.

Première grosse difficulté : 1'500 mètres de D+ à manger d'entrée sur 10 kilomètres. Bim bam boum ! Ça va remettre les idées en place de suite. 
Descente sur le refuge Bertone et les 3 premières heures de course seront déjà avalées, sûrement tout comme mon premier sandwich parce qu'il sera environ midi.
S'en suivra 12 kilomètres de digestion que je redoute, puisque ce devrait être une partie plus ou moins roulante avec beaucoup de relance. Il faudra vraiment que je reste souple et que je ne force pas dans ce secteur afin de ne pas trop entamer mon capital genou. Je pense quand même que ça va être dur psychologiquement puisque je devrais perdre beaucoup de places sur ce secteur  ... shit.

Il faudra ensuite se retaper un peu moins de 1'000m de D+ pour voir le bout du fameux Grand col Ferret ...voici pour la mise en jambe puisqu'il sera temps d'entamer ce qui sera je pense la clé de cette course : 20 kilomètres de descente (pour 1'500m de dénivelé) pour arriver à mi-course à Champex.
Il faudra vraiment en garder sous la pédale, ne pas trop taper dans les cuisses, penser à bien boire, se ravitailler afin d'avoir le plus de jus possible pour le reste du parcours. L'arrivée aurait été à Champex, j'aurai bien pu claquer un gros chrono dans un secteur que j'affectionne tout particulièrement, mais pas cette fois-ci, le mot d'ordre c'est gestion !



Champex donc, mi-course, 55km et 3'300 de D+ en environ 9h00 de course (passage prévu aux environs de 18h00). L'athlète devrait être bien chaud à ce moment là ...
Ce sera à ce ravitaillement que je prévois de manger et de faire appel à mon assistance pour changer de t-shirt, chaussettes et peut-être de chaussures suivant les conditions. Je ferai le plein des niveaux, des victuailles et zou, direction Chamonix, si j'ai bien géré ma première partie, la suite sera une formalité (uh uh uh...)

Sauf que bis ...

Oui, sauf qu'après 16km et 1'000m de D+, je devrais arriver sur Trient entre 21h et 22h. J'avale mon dernier sandwich pour m'élancer à l'assaut des 30 derniers km et des deux derniers cols.
Avec pas loin de 12 heures de course dans les jambes, s'envoyer encore 30 kilomètres rajoute une certaine difficulté, mais quand je me suis aperçu que ceux-ci seront effectués de nuit ... gloups, comment dire ? Les organisateurs voulaient être certains que j'allais bien en chier ma race ouais !
Bon, ceci dit, je reste quand même pour ma part relativement serein. J'ai un matos au top  pour m'éclairer la nuit et je gère assez bien cet état de fait ... donc no stress pour l'instant. (uh uh uh  version 2.0 ...)
Montée sur Catogne, on redescend sur Vallorcine et après mes jambes connaissent le chemin par coeur : col des Montets, Têtes aux vents (dommage de nuit, il n'y aura pas la vue incroyable sur Chamonix et sur le Mt-Blanc) et plein gaz, 8 kilomètres de descente menés tombeau ouvert pour rejoindre le Triangle de l'amitié au centre de Chamonix, yipeah :)

Seul ombre au tableau, c'est que d'après mes projections, mon arrivée devrait avoir lieu aux alentours de 4h00 ... du matin !
Donc pour l'ambiance de folie, les selfies avec Kilian et les pétales de rose sous mes pieds à l'arrivée, faudra courir plus vite ... ou beaucoup plus doucement mon coco !



Bon comme je m'en tape grave le coquillage, ce n'est vraiment pas important : je veux juste me faire plaisir, tester, voir dépasser mes limites et arriver entier après plus ou moins 20 heures de course effrénée.

Comme d'habitude, pour ceux qui souhaitent suivre la course en live, il existe de nombreux liens dispo sur le site de l'UTMB (web tv et live sur la bannière à droite) que voici :

http://www.ultratrailmb.com/

Pour un suivi plus personnalisé, vous avez le choix avec ce lien-ci, en renseignant le "4272" dans la barre de recherche à gauche:

http://www.utmb.livetrail.net/coureur.php

Ou bien, et suivant la météo, mon état de clairvoyance et de disponibilité de réseau (du téléphone, pas du cerveau), je vous ferais sûrement partager les moments forts via ma page facebook que vous pouvez "aimer". Merci :)

https://www.facebook.com/HappyLactique

Sur ce, je vous laisse, pour ma part je trépigne d'impatience de faire cette course, de vous la faire partager et de vous la raconter. Dream Big, Run Hard, Finish Strong !


2 commentaires:

  1. cool! j'espère que la météo sera favorable! grosse merde pour ta course, go go go and have fun :-)

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    1. Merci :) Pour la météo ça va être chaud-patate et il va falloir courir vite pour passer entre les gouttes. Anyway, j'y vais quand même ^.^

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