Skating free-style.

Je deviens vieux.

Si, si, je vous jure ... ce week-end j'ai testé le ski de fond, c'est vous dire.

Qu'est ce qui m'a pris ? 

Je ne sais pas, la folie des JO peut-être ?

Peut-être, mais pas sûr, parce que je l'ai un peu boycotter cette manifestation. Déjà parce que je trouve complètement indécent les sommes qui ont été investies là-bas (pour rappel : 37 milliards d'euros, 1 aéroport, 2 gares, 200 km de réseau ferroviaire, 400 km de routes, 77 ponts, 12 tunnels et des installations sportives destinées à sonner creux après les Jeux), toute la magouille, les expropriations et les dégâts écologiques pour flatter l'ego démesuré d'un dictateur Russe. Je suis sûr que Poutine doit bien avoir les boules maintenant de savoir que je n'ai pas regardé le curling ou le patinage de vitesse ... ah ah ah, fallait pas me chercher.

Deuxième raison d'avoir zappé cette quinzaine, c'est qu'il me devient très difficile d'écouter les blaireaux de journalistes sportifs de France 2. Putain les gars ils savent y faire pour te ruiner en deux phrases un slalom géant, une descente de bobsleigh ou une épreuve de patinage artistique. D'ailleurs je me demande encore comment ça se fait qu'il n'y ait pas un sportif qui ait eu le courage de planter ses pantins dans la tronche à Nelson Monfort ou ses skis dans le cul à Patrick Montel ... tellement qu'ils me gonflent et tellement leur niveau journalistique est pathétique. J'en viendrai presque à espérer que la liberté de la presse en France rattrape celle de la Russie, voyons le bon coté des choses.

Bref, tout ça pour dire que j'ai suivi ces JO en pointillé. Reste le plaisir de voir quelques épreuves sympathiques, si le son de la tv est coupé, comme le ski de fond ou le biathlon.

Le ski de fond me fait un peu penser à la course à pied, avec la stratégie du cyclisme : passionnant !

Je regardais ces athlètes glisser, filer sur la neige ... j'avais envie de faire pareil.

Allez, ni une ni deux, j'ai l'avantage d'habiter à 20 minutes d'un des plus beaux spots de ski de fond du Jura. Me voici donc dimanche matin en tenue de running pour louer mon matos:

-" Ski classique ou skating ? "

Euh, déjà avant le premier coup de spatule, j'ai l'impression d'être un gland dans le magasin ... ça commence bien !

-" Euuh et bien ... donner moi les mêmes que Martin Fourcade quoi ! " (on a son honneur ou pas)

Me voici donc 10 minutes plus tard affublé de bâtons qui me chatouillent les oreilles (ils ne sont pas un peu grands ?) et chevauchant des skis aussi large qu'un cure-dent : pas méga stable cette histoire. Avant de pousser sur mes bâtons, je me remémore les images vues à la télé et je me vois en train de faire ça :

et puis ça :

et puis surtout ça :

Easy fingers in the noze, c'est parti mon kiki : je pousse sur les bâtons, pas de patineur, pied droit, pied gauuuuuuche oh putaiiiiiiiiinn, triple axel double loops piqué renversé, atterrissage dans les règles de l'art sur le cul. Même pas mal, enfin si un peu, mais vu le nombre de personnes qui rigolent dans mon dos, je fais genre le gars surpris :

-" 'Tain, mon technicien s'est encore trompé de fart .... le couillon ! "

Le moral en prend un coup, mais j'ai plus d'un tour dans mon sac. Je repère la piste verte qui s'enfile dans les bois et je me dis que je pourrais travailler un peu ma technique là-bas, à l'abri des regards moqueurs. Mais bon, il faut quand même parcourir 500 mètres en évitant la rechute, sinon je monte un one-man show et je fais payer le spectacle tout de suite.

Je décide donc de verrouiller les jambes et d'y aller par la seule force de mes bras. En nage et dix minutes plus tard, me voici prêt à faire un peu de technique. Bon, sur le papier ça n'a pas l'air bien compliqué pourtant :

On pousse, on gliiiiiisse, et meeeeeeeeeeeeeeeeerde

Je re-pousse. je re-glisse ... mieux :) ah, enfin !

Allez encore pousse, glisse, pousse, gliiiiiiisse re-meeeeeeeeeeeeeeeerde

Bon, en fait je viens d'inventer une nouvelle discipline : le skating free-style !

Mais quelle idée aussi de faire des skis si fins ? Franchement je suis sûr que Fourcade avait des skis biiiiien plus large pour les JO que moi pour faire la piste verte de La Vattay, sans dèc.

Bref, à force de persévérance, je sens que ça vient tranquillement et j'arrive à faire plus de deux mouvements sans jurer, y'a du progrès.

Allez, soyons fou me dis-je : la piste bleue me tend les bras, je ne peux pas lui résister, d'autant plus qu'il me semble que je peux biaiser et rattraper la verte au cas-où.

Petite descente pépère suivi d'un bout plat puis groooooosse montée. Ce coup-ci la technique est en place, je maîtrise mon sujet, alors j'envoie des watts dans ce coup de cul. Et je ne fais pas semblant, j'ai un rythme de fou, les bras et les jambes tournent à 10'000 tours/minutes, ça fume de tous les cotés ... c'est du lourd quoi !

Juste une petite interrogation quant à mon rendement nombre de coups de bâtons donnés / centimètres gagnés.

Je dis centimètres, et pas mètres, parce que dans cette montée, j'ai beau m'employer, je me rends bien compte qu'en fait je suis plus prêt de reculer que d'avancer.

Surtout qu'à ce moment là, je me fais doubler par un papy qui lui a le style et l'efficacité. J'ai l'impression qu'il monte tout seul : un petit coup de bâton, un léger mouvement de jambe et swiiifff, ça glisse et ça avance en toute légèreté ... c'est beau.

Je me rends compte que ce sport demande pas mal de pratique, comme tous les autres sports en fait, mais qu'il est méga agréable d'évoluer dans un cadre aussi joli : forêt, neige, soleil, pas de bruits (sauf celui des skis qui glissent et mes "oh putain !"), pas de pollution ... j'aime :)

Voilà, finalement je profite du paysage et j'essaie de garder le flow pour terminer cette petite virée de presque deux heures pour ... presque 9 kilomètres : efficacité et rendement maximum ah ah arghhhh !

Je rends mon matos au magasin de location. Le vendeur me regarde avec un petit sourire en coin.

-" C'est allé ? "

-" Mouais, pas mal, vraiment sympa ce sport, mais mollo sur le fart la prochaine fois hein ;-) "

Je rentre à la maison et comme je suis toujours en tenue de running et que je suis bien chaud, je me dis que ce serait cool d'aller faire ma sortie longue du week-end. Allez, voici que je me colle un petit run de 25 km derrière les oreilles. Je ne serai jamais un Martin Fourcade sur les skis ni un Haile Gebreselassie en course à pied, mais pour ce qui est du plaisir ce week-end, c'était tout pour moi :)