vendredi 26 juillet 2013

Le Pic du Jallouvre.


Il y a des fois des sorties qui vont vous laisser des souvenirs incroyables.
Celle d'aujourd'hui fut de cet acabit et du coup, il n'est pas bien difficile de trouver l'inspiration pour alimenter mon blog ... Alors je fais d'une pierre deux coups en vous proposant un topo sur cette rando-course, pour les courageux qui voudraient tenter l'aventure, en même temps qu'un petit compte rendu de la journée.

Enjoy :)

13km, 1'000 de D+ pour environ 3h00 ... vous voilà prévenu ;-)

Donc comme l'indique l'intitulé de ce billet (pour une fois), le but de la sortie était l'ascension du Pic du Jallouvre (2408m). Cette rando est classée comme "difficile" compte tenu de certains passages techniques et de la verticalité impressionnante sur quelques sentiers ... après coup, je confirme : si vous n'avez aucune (petite) notion d'escalade ou bien si vous êtes un tant soit peu sujet au vertige, passez votre chemin.
Sinon, je confirme aussi : juste  M.A.G.N.I.F.I.Q.U.E !!


Pour rallier le départ, vous prenez direction Bonneville et vous montez au Mont-Saxonnex. De là, dirigez-vous vers "Les Frachets" (74130) et quand la route se termine (devant une ferme) c'est que vous êtes arrivé.

Le paysage est déjà époustaouflant (oui oui époustaouflant, je trouve que ça sonne bien) : le temps de descendre de véhicule et vous pouvez déjà contempler la Pointe du Midi, la Pointe Blanche et le Pic du Jallouvre.
Magique :)

Dans l'ordre : Pointe du Midi, Pointe Blanche et au fond dans le nuage le Pic du Jallouvre

Allez, c'est parti : Dites bonjour aux poules, veaux, vaches et cochons de la ferme, mettez un pied dans une bouse (ou même les deux si comme moi vous ne savez pas lequel mettre) et faufilez vous sur le chemin qui se dérobe derrière.






















Deux petits kilomètres pour vous mettre en jambes et trottiner à un bon rythme pour arriver au Col de Cenise que vous atteindrez après être passez devant une ... croix (bref, on s'en fout un peu, c'est juste pour la photo).

La croix et le Pic du Jallouvre au fond


Donc en haut de ce Col de Cenise, il vous faut bifurquer à gauche (point n°1 sur la carte en intro) pour rejoindre le troupeau de vaches et la petite cabane au milieu d'un champs.




A ce moment là, il vous faut déjà prendre une décision cruciale (point n°2) : soit vous continuez tout droit pour monter "droit dans le mur", soit vous bifurquez à droite sur le sentier de randonneur qui redescend légèrement pour remonter ensuite (voie n°8 que j'ai empruntée pour le retour) sur le carrefour symbolisé par le n°4.

Bref, version randonneur à droite, version "on a peur de rien" à gauche.

Je me retrouve donc sur le sentier de gauche (bah ouais quoi) qui surplombe un cirque ... juste magnifique (je l'ai déjà dit non ?).



Le chemin est bucolique et j'accélère le pas en courant dès que possible. Mon fan club est au rendez-vous et c'est sous des Meuh d'applaudissement que j'arrive au premier passage technique de la montée (point n°3)

Du chocolat Madame Milka ?

La montée est assez courte, mais raide de chez raide, et il faut presque constamment mettre les mains pour assurer la progression.

Le petit Poucet
Heureusement les sapins sont, à ce niveau là, encore très présent ce qui permet et d'un, d'assurer ses prises, et de deux de se dire qu'à cas de chute, on ne devrait pas aller bien loin (quoique...)
Bref, il faut y mettre un peu d'engagement, de virilité et ne pas avoir peur du vide parce que dès que vous serez à découvert, voici le panorama qui vous attend:


Et je vous assure que je suis sur la trace ... waho :o

Là je vous avoue que je ne fais pas trop le rigolo : faut quand même être sacrément sûr de soi et ne pas trembler devant le vide. Je fais donc court, impressionné par cette partie là, et décide de ne pas traîner dans le coin. Je passe le sommet et me retrouve pil sous le Jallouvre.
C'est d'un calme incroyable et d'une beauté à vous couper le souffle, littéralement :


Je traverse le champs et rattrape le chemin des randonneurs. Je commence a être chaud et me réjouis de pouvoir attaquer la montée proprement dite du Jallouvre.
Je me retrouve au point n°4 et prend la légère bifurcation qui part sur la gauche. Comme le dise les montagnards, je suis dans le pentu à ce moment et j'ai mes cuisses de poulet qui me font sentir qu'elles ne sont pas tout à fait d'accord avec cette option. Qu'importe, mes yeux commandent aujourd''hui et la beauté des lieux me fait oublier la moindre courbature.

Seulement voilà, première mauvaise nouvelle :


Il y a encore de la neige en haut du col tout à gauche qui risque de me bloquer le passage. J'enrage déjà parce que je connais le danger de ces névés et je me dis que l'histoire est déjà pliée ... pour un mois de Juillet, j'ai un peu les glandes. Mais bon, comme j'ai rien d'autre de prévu à ce moment là, que personne n'est présent pour se taper une belote et que j'ai oublié mes aiguilles pour terminer mon tricot, je me dis que j'ai rien d'autre à faire que de monter ... on verra bien sur place (quel optimiste je fais quand même).

Bref je grimpe de plus belle : le palpitant cogne sévère, les cuisses chauffent allègrement et la respiration se fait courte ... debleu, je suis obligé de faire des petits stop de 30 secondes pour reprendre mes esprits, ça envoie du lourd cette montée.

Et là, alors que j'attends que les étoiles disparaissent de devant mes yeux, ne voilà-t-il pas que je me retrouve face à une marmotte. Elle est debout sur le monticule devant moi et se gausse de ma laborieuse ascension. 
Alors que je tente de dégainer délicatement mon capteur 16Mio de pixels full HD, Madame me la joue timide (encore une qui ne veut pas voir sa tronche sur Facebook), pique un petit sprint de quelque dizaine de mètres et se réfugie au fond de son trou ... la belle affaire.
Bon, je ne vais pas abdiquer comme ça, car si la marmotte semble être plus rapide que moi en vitesse ascensionnelle pure (ce qui reste à démontrer quand même bien sûr hein...), il se pourrait bien que je sois mieux équiper qu'elle génétiquement question "ruse".
J'entreprends donc de faire le tour de la petite butte pour être au dessus d'elle et ainsi la voir sortir (le bout de son museau) tout en restant à couvert ... j'y crois pas comme je suis trop rusé, ça me fait presque peur. Mais alors que j'arrive derrière la butte, diantre, quelle découverte je fais :

Brrrrrrr ....


Whooo Whooo Whooo ... qu'est ce que c'est que ce délire ?

Et là ça me revient : cette histoire de gang de marmottes enragées qui détroussaient les randonneurs à la fin des années 80. Le PGHM de Chamonix, après des années d'enquête et d'infiltration, avait démantelé le groupuscule mettant à jour un trafic de chocolat que même certain baron de la cocaïne Colombienne auraient aujourd'hui repris les méthodes. Bref, ces marmottes avaient semées la terreur sur les sentiers de montagne et certaines d'entre elles ont même dû purger des travaux d'intérêt public, genre tourner des pub débiles pour rebooster les ventes de chocolats :

...et la marmotte met le chocolat dans le papier d'alu !


A ce moment là je me dis en voyant ce pauvre squelette que cette marmotte, en fait, était bien plus rusée que moi ! Me voici acculé à la montagne, à la merci d'une marmotte indépendantiste qui va me faire la peau d'un instant à l'autre et me dérober ma plaque de chocolat.
Alors, dans un dernier éclair de lucidité, j'abandonne une barre d'Ovo-Sport, priant pour que ce menu présent contentera son appétit féroce et me laissera une porte de sortie.



Je prends donc mes jambes à mon cou, repartant de ce triste endroits, sans photo de marmotte et sans ma barre de chocolat ... pas bon signe tout ça, surtout qu'après avoir retrouvé mes esprits et au bout d'un dernier effort ascensionnel, j'arrive devant ma plaque de neige (point n°5) ... dilemme.

Just do it

Bon, je prends le temps d'analyser la situation.

Je suis seul, à environ 2'000 mètres d'altitude dans une pente que je qualifierais de piste noire bien foncée si j'étais au ski. Question équipement, bien que mes chaussures soient équipées de semelles Vibram, je n'ai ni Yaktrax, ni crampons à enfiler pour assurer la traversée. Pour compléter le tableau, ma paire de bâtons m'attend sagement à la maison et aucun alpiniste étourdit n'aurait oublié le moindre échantillon de piolet ... bref, ça sent la préparation optimale, la croquette moisie et les emmerdes tout ça.
Cependant, je ne saurai vous dire pourquoi, mais je sens que l'affaire est quand même jouable, surtout que j'ai très très envie d'y monter à ce sommet.

Bon, j'y met un pied ... pour voir. 

La neige est molle et je peux facilement la tasser pour pouvoir poser convenablement mon pied. Aucun signe de cassure dans la pente, ni même de coulée ... ça devrait tenir. Je pose le deuxième pied et malgré le trouillomètre qui s'affole légèrement, je me sens relativement en confiance.
Je me lance, tranquillement. Je prends le temps de poser mes appuis, de faire ma trace et d'assurer un maximum ma progression ... sauf tremblement de terre inopportun, ça va le faire.

Je passe donc la centaine de mètres de ce névé sans encombre et me retrouve sur le col du Rasoir. A ce moment là, j'hésite entre être fier de l'avoir fait et me traiter de couillon pour prendre des risques inutiles ... mais bon, ce qui est fait est fait, continuons ma progression, deux belles surprises m'attendent sur ce col.

La première est la rencontre avec la famille "Chamois d'Or". Dans l'ordre j'aimerai le bébé, la maman qui surveille et le papa qui glande avec les ados :




Le chamois, à la différence de la marmotte, sait qu'il n'a aucune chance de se défiler devant ma foulée Boltesque et surtout mon zoom x10. Tout ce petit monde me regarde, et j'ai même l'impression qu'en langage Chamois, certains me lancent des :

-" Kesstufoula ??"

Bon, comme ça fait longtemps que je n'ai pas parlé le Chinois Chamois, j'ai un peu de mal à leur faire comprendre le but de mon périple, et bien qu'il me semble entendre quelques ricanements, je décide de poursuivre pour profiter de la deuxième surprise : vue imprenable sur le Pic du Jallouvre.

Pic du Jallouvre

Bon, c'est beau, mais va falloir faire grimpette là haut et une fois avoir repéré le sentier y menant, je me dis que l'affaire est encore loin d'être entendue.
Oui, parce que quand vous lisez sur le topo : "passez le col du rasoir", vous vous dites que soit ce passage est super chiant, soit il y a une autre subtilité:




Col du Rasoir

Ok, je ne sais pas vous, mais moi à ce moment là, je me demande où qu'il est ce chemin ? Bon, apparemment il faut naviguer sur l'arrête avec, grosso-modo, 500 mètres de vide intersidéral de chaque coté.
Easy ah ah ah ...

Encore une fois le trouillomètre s'affole un peu et je remercie à ce moment mes parents de ne pas m'avoir transmis les gènes du vertige. Je contourne, tel un funambule, le Jallouvre par sa droite pour entamer l'ascension finale par sa face Nord.

Mais avant ça, je profite encore du paysage et de la vue magnifique sur le lac de Lessy, juste en dessous de moi à cet instant. La verticalité est réellement très impressionnante !

Lac de Lessy

C'est beau, c'est l'extase :)
Allez, je continue ma grimpette et je vous avoue que dans le final on est plus dans l'escalade que dans la rando-course.
Bien que rendues glissantes par l'orage de la veille, les prises sont nombreuses et accessibles, mais ça reste tout de même de l'escalade ... gloups.

J'atteinds le sommet, malheureusement en même temps qu'un gros nuage me gâchant du coup un peu la vue sur le massif de Aravis et de la fameuse Pointe Percée juste en face de moi.

Sommet du Jallouvre (2408m)

Les Aravis (Pointe Percée dans les nuages)

Je suis satisfait d'y être mais à ce moment là, le gros nuage noir qui vient de s'inviter à la fête me fait un peu stresser : pas envie de me prendre l'orage (la Goretex est restée jouer à la Playstation avec les bâtons) et encore moins envie de me faire la descente sous la flotte. Ça va être déjà assez Rock n' Roll comme ça, pas la peine d'en rajouter !

Dernière petite photo, et demi-tour, marche.

My shoes on the Jallouvre :)

Bon alors, autant la montée en escalade n'était pas trop technique, autant la descente fut, comme je le disais, Rock n' Roll. Des petits murs de 2 ou 3 mètres à descendre, comme ça les pieds dans le vide, je peux vous dire que la musique commence à être un peu forte à certains passages ... mais ça passe, tranquillement, mais (plus ou moins) sûrement.
Je me retrouve sur le col du Rasoir, et là je pense que la photo parle d'elle même : ce n'est plus Rock n' Roll mais plutôt Hard Rock voyez-vous :

Petit Poucet version 2.0


A cet instant, je me dis que si je me sors de cette folie, j'irai brûler un cierge pour remercier les Dieux du trail pour avoir veiller sur moi lors de cette descente.
Passage du Rasoir, trouillomètre enclenché, ça passe encore pas trop mal et j'en profite à ce moment pour faire mes adieux à la famille Chamois d'Or.


Reste le morceau de bravoure de cette sortie, après c'est roulant, fini le vide, les passages sur le fil et toutes ces conneries.

Névé, le retour :



Autant je la sentais pas trop mal pour la montée, autant le trouillomètre atteint des valeurs inexplorées pour la descente.

Toujours pas de bâtons pour prendre appuis, de piolet pour me rassurer, de crampons pour ne pas glisser.

Je cogite ...








J'imagine un instant descendre sur le cul, droit dans la pente ... mais à part me faire cryogéniser l'anus et me fracasser mes 224 os dans le pierrier 500 mètres plus bas, l'intérêt me semble limité.
Pas le choix, faut y aller ... Heavy Metal le passage !

Je réitère la même technique qu'à la montée : step by step, tranquillou. Je pose chacun de mes pas dans ceux fais un peu plus tôt, et encore une fois, ça passe.

Pfffiou, je peux ranger le trouillomètre, le reste de la descente à beau être assez technique, la caillasse je sais gérer :)
Tout content de mon périple, je profite de nouveau du paysage.
Je dois avoir des étoiles plein les yeux tellement que c'est beau, et comme je ne suis plus focalisé sur le Pic à atteindre, je découvre nombre de petits détails ignorés à la montée.

Et là ce bouquet de fleurs qui pousse seul dans la pierre, incroyable :

pour maman :)

Et ici ce bouquetin qui me regarde dévaler la pente :


J'essaie d'engager le dialogue, mais visiblement, tout comme le Chamois, il ne comprend pas bien mon accent et moi, j'ai du mal à traduire ces mots :

-"Kasstoid'la, tudécen cominglan !!"

Paroles d'encouragement je suppose ^.^ 
Je me sens en adéquation avec la nature, mon environnement et je ne saurai jamais être assez reconnaissant pour avoir le privilège de vivre de tels moments.
Et comme je n'ai pas envie que cela se termine tout de suite, au point n°6, je bifurque sur la gauche pour traverser tout le pierrier et tracer en direction du col de Sosay, histoire de revoir le lac de tout à l'heure.

Mes chevilles maudiront cette décision tellement que ce sentier technique les a fait souffrir. Ça tape, c'est tout en devers, ça tord dans tout les sens ... pas agréable. J'aurai pu marcher pour m'économiser un peu mais bon, je ne suis pas là pour faire que des photos non plus.

Col de Sosay (point n°7). Je me pose dans les fleurs et profite à mort de la vue :

Lac de Lessy

Le lac de Lessy est moins impressionnant que tout à l'heure...



... mais le cadre reste idyllique.

J'hésite à ce moment là à descendre au Refuge de Lessy parce que je commence sérieusement à avoir les crocs. Mais au bout de 3 heures de course, marche, escalade et angoisse en tout genre, je me dit qu'il est l'heure de rentrer, surtout que j'avais repérer un petit resto du terroir en montant en voiture, et que ce sera plus simple d'y faire une petite halte en rentrant.

Demi-tour donc, je récupère le chemins des randonneurs (point n°8) que j'avais snobé à l'aller.

sympa, je vous remet le plan ;-)

Je dévalle la pente comme un mort de faim et je me marre parce que pour une fois, c'est réellement le cas. Retour à la voiture en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire (mais quel mytho ...), je repasse devant les Meuh, le chalet dans le champs, la croix et me voici à la ferme.

Mais quel plaisir j'ai pris aujourd'hui encore une fois.

Deux petites choses, cher lecteur. Soit vous êtes un montagnard avec un peu d'experience et je peux vous transmettre via email quelques précieux conseils ainsi que la trace GPS si vous vous sentez d'attaque pour l'ascension de ce Pic.
Si vous êtes un randonneur, allez vous faire cette ballade, elle en vaut vraiment le détour, mais je vous conseille de la faire ainsi :
Départ des Frachets, Col de Cenise, bifurcation au n°2 sur le sentier de droite, montée encore à droite (n°8) direction Col de Sosay (n°7), descente sur le lac et le refuge de Lessy. Pic-nic et retour par le même chemin, comptez environ 4 heures de marche et vous aurez passé une superbe journée.

Voilou, pour ma part je me cherche un autre topo pour ma prochaine sortie mais je pense que ce sera dur de faire mieux qu'aujourd'hui ... je me ferai bien un lac de montagne ... à voir.
Pour l'instant, je cherche aussi mon petit resto typique afin de me restaurer car mes 2 barres de céréales ont eu du mal à me caler aujourd'hui.

Ah, le voici !
Ça sent le terroir, les ingrédients de qualité ... mmh I'm lovin' it !!!




















Bah oui, tant qu'à faire une journée parfaite, autant qu'elle soit parfaite jusqu'au bout ... et puis, c'était ça ou le pot de Nutella alors ... Happy Lactique le gars :)


2 commentaires:

  1. ben voyons, et la marmotte?
    Voici une affaire bien pliée et à nouveau un article Rock'n'drôle. Merci

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